Une étude administrée par les étudiants de première année de l'Institut Mines-Télécom Business School

Et si les RH n’avaient pas si mauvaise presse ? C’était l’enseignement principal du premier baromètre sur « les pratiques RH dans les organisations » administré début 2021 et dont les résultats avaient été diffusés en février 2021 sur RHinfo (https://www.rhinfo.adp.com/rhinfo/2021/et-si-les-rh-navaient-pas-si-mauvaise-presse/.

Le deuxième baromètre, administré fin 2021, confirme cette tendance. 73% des salariés interrogés trouvent en effet que leur service RH a une valeur ajoutée dans leur organisation (79% en début 2021). La tendance reste extrêmement forte. 74% d’entre eux trouvent que les réponses apportées par celui-ci leur sont utiles (77% début 2021). Là aussi, la tendance reste extrêmement forte. Enfin, ils sont 44% à penser que le service RH est présent à leur côté dans cette crise sanitaire contre 52% début 2021. Là aussi, la tendance reste globalement stable, avec un léger recul sensible à noter tout de même. Les échantillons n’étant pas tout à fait les mêmes, ni en taille ni quant aux répondants, de faibles variations de ce type ne sont pas toujours significatives.

  1. Quelques éléments d’information concernant ce deuxième baromètre

Les 50 questions de cette étude ont été rédigées par le HRM Digital Lab de Institut Mines-Télécom Business School (1). Les étudiants de cette même école (un grand merci et bravo à eux !) (2) ont diffusé ce questionnaire autour d’eux au mois de novembre 2021. Ce travail a permis de récolter 452 réponses exploitables (contre 534 pour le premier baromètre début 2021). Les résultats ont permis de conclure le cours sur les fondamentaux de la gestion des ressources humaines, en première année.

Notons-le sans détour, cet échantillon n’est pas représentatif de la population active française. Il est notamment fortement surreprésenté par les salariés travaillant en Île de France. Dans l’échantillon, ils sont 44% alors qu’ils devraient être aux alentours de 16% sur un échantillon représentatif. Il est également surreprésenté par le nombre de salariés en CDI. Ils constituent en effet 73% de l’échantillon.

Cet échantillon présente néanmoins le mérite d’être diversifié : 49,8% de femmes pour 50,2% d’hommes, toutes les tranches d’âge sont représentées (10% de 18-23 ans, 33% de 23-29 ans, 17,5 % de 30-39 ans, 20% de 40-49 ans, 17,5% de 50-59 ans et 2% de 60 ans et plus), tous les niveaux de diplôme sont représentés (de manière non exhaustive : sans diplôme (0,4%), niveau bac (9%), Bac+3 (15%), Bac+5 (39%) et Doctorat (3%)), toutes les tailles d’organisation sont représentées, une grande diversité de catégories professionnelles le sont également, ainsi que toutes les régions.

Finalement, que retenir de cette étude ? Les tendances et variations qui s’en dessinent, et leur évolution, ou non, par rapport au premier baromètre. Côté tendances, elles sont parfois très positives, souvent tout simplement positives, et rarement négatives quand les salariés évaluent leur service RH en lui-même, ses actions et processus en général ainsi que les services digitaux qu’il propose plus spécifiquement. Les tendances restent globalement stables par rapport au premier baromètre.

Il est également possible d’analyser l’utilité perçue par les salariés quant aux différents processus RH de leur organisation, d’un côté, et quant aux solutions digitales RH, présentes ou non dans l’organisation, de l’autre côté. Par rapport au premier baromètre, on peut noter une légère baisse de l’utilité perçue par les salariés quant aux services RH digitalisés même si les avis restent nettement en faveur de la numérisation des processus RH.

Détaillons maintenant les résultats.

  1. Une perception toujours globalement positive, voire très positive, de la fonction RH, de ses processus et actions

Comme indiqué au tout début de cet article, 73% des salariés pensent que leur service RH a une valeur ajoutée dans leur organisation (pour rappel, le résultat était de 79% dans le premier baromètre). Ils sont, à contrario, seulement 9% à avoir un avis contraire (7% dans le premier baromètre). Quand il s’agit des réponses apportées par le service RH à leurs questions, ils sont 74% à juger que ces réponses sont utiles (77% début 2021), contre là aussi seulement 5% à émettre un jugement négatif (4% dans le premier baromètre). Les résultats entre les deux baromètres montrent les mêmes tendances et les différences sont minimes.

Il est intéressant de noter que les salariés échangent avec leur service RH principalement sur les thématiques de la formation (pour 38% d’entre eux) et de l’évolution de leur carrière (pour 37% d’entre eux). On retrouve également des échanges autours des difficultés relationnelles avec un manager ou un collaborateur (pour 27% d’entre eux), de l’évolution du salaire (là aussi pour 27% d’entre eux), de leur prime (15% d’entre eux) ou encore des congés payés, de la mutuelle et du temps de travail.

Interrogés sur trois processus RH (onboarding, formation, rémunération), les résultats sont également là aussi globalement positifs. Le podium des processus RH est légèrement modifié par rapport au premier baromètre où arrivait en tête la formation, le onbording et la rémunération en termes d’utilité perçue. Le podium pour cette deuxième édition est le suivant : onboarding, formation et rémunération, le tout dans un mouchoir de poche.

69% des salariés estiment que leur onboarding leur a permis d’être efficace au travail (71% dans le premier baromètre) et 62% qu’il leur a donné envie de rester dans leur organisation lors de leur arrivée (69% dans le premier baromètre). Ils sont respectivement 9% et 7% à penser le contraire (contre 7,8% et 17% dans le premier baromètre).

Concernant la formation, 67 % des salariés interrogés estiment que les formations qui leur sont proposées sont utiles pour mieux faire leur travail (72% dans le premier baromètre) contre 10% qui pensent l’inverse (4,8% pour le premier baromètre).

La rémunération ferme la marche, avec néanmoins, 65% de salariés qui trouvent leur package de rémunération intéressant (63% dans le premier baromètre), pour 16% qui expriment l’opposé (17% pour le premier baromètre). Ils sont seulement 37% à trouver que ce même package de rémunération les pousse à se dépasser (40% dans le premier baromètre), contre 32% qui pensent le contraire (26% dans le premier baromètre). Là aussi les résultats des deux baromètres montrent les mêmes tendances. En outre, les différences d’un baromètre à un autre restent minimes.

  1. Les services digitaux RH, grands gagnants également de ce deuxième baromètre avec néanmoins un léger recul de l’utilité perçue par les salariés à ces mêmes services digitaux

Ces mêmes salariés ont été interrogés, comme lors de la première édition, sur leur accès (ou non) à différents services digitaux RH et sur ce qu’ils en pensaient : dématérialisation (bulletin de paie dématérialisé et signature électronique), télétravail, solution digitale pour les entretiens annuels et e-learning.

Ils sont 84,5% à déclarer avoir accès au bulletin de paie dématérialisé (77% dans le premier baromètre), 74,5% au télétravail (73% dans le premier baromètre), 74,5% à une solution digitale pour l’entretien annuel (71% dans le premier baromètre), 76% à la signature électronique (70% dans le premier baromètre), et 69,5% à des formations e-learning (68 % dans le premier baromètre). On voit là aussi que la tendance à la numérisation des processus RH reste forte. Les écarts entre les deux baromètres restent faibles. On peut néanmoins noter une légère augmentation des taux d’accès à des services RH dématérialisés (accès à des bulletins de paie numérique et accès à la signature numérique) lorsque les taux d’accès aux autres services RH digitalisés restent globalement proches dans les autres cas.

Concernant l’avis des salariés quant à l’utilité perçue de ces différents services RH digitalisés, la tendance reste à des avis qui sont globalement positifs, voire très positifs. On peut néanmoins noter un recul assez marqué de ces avis positifs par rapport au premier baromètre. Est-ce que la numérisation des processus RH pourrait potentiellement rentrer dans une fatigue globale des salariés vis-à-vis du numérique ? La question mérite à notre avis d’être posée même si là encore les résultats doivent être analysés avec prudence du fait de la différence des échantillons entre le premier et le deuxième baromètre. Le service digital RH numérisé qui ne connaît pas un recul est celui du télétravail.

Pour être plus précis 74,5% des salariés trouvent le bulletin de paie pratique (84% dans le premier baromètre). 78% d’entre eux pensent la même chose de la signature électronique (83% dans le premier baromètre). 72% des salariés interrogés trouvent que le système de télétravail proposé par leur organisation est intéressant (73% dans le premier baromètre). Enfin 62% indiquent que le service digital pour les entretiens annuels est pratique (67% dans le premier baromètre) et 56% que les formations e-learning proposées sont intéressantes (65% dans le premier baromètre).

  1. Gestion de la crise sanitaire : un sentiment global d’être protégé de la part des salariés, un léger recul quant au sentiment de présence des lignes managériales directes et du service RH, le cadre de travail numérique qui reste un terrain de travail pour les services RH

Dans leur grande majorité (75% exactement), les salariés interrogés estiment que leur organisation fait ce qu’il faut pour les protéger des risques d’infection à la Covid-19. Ils étaient 78% dans le premier baromètre. La tendance reste donc stable. Sur les 93% à indiquer que la présence du manager est importante en cette période particulière (chiffre stable par rapport au premier baromètre), ils sont 48,5% à penser que celui-ci est présent à leur côté depuis le début de la crise (58% dans le premier baromètre). Côté service RH, sur les 93% également à indiquer que la présence de leur service RH est importante (chiffre stable là aussi par rapport au premier baromètre), ils sont 46% à exprimer que celui-ci est bien présent depuis le début de la crise (52% dans le premier baromètre). On peut noter une légère inflexion dans la perception par les salariés de la présence du manager et du service RH entre le premier et le deuxième baromètre, alors que le sentiment d’être protégé par leur organisation est plutôt stable.

Les salariés ont également été interrogés à nouveau sur ce qu’ils pensent de leur cadre de travail numérique en cette période complexe. Le cadre de travail numérique correspond aux valeurs et règles qui essaient de réguler les usages des outils numériques dans les organisations, avec la double contrainte de rendre le travail au quotidien plus efficient tout en assurant le bien-être des collaborateurs. Ils sont toujours près de la moitié à prêter attention aux incivilités numériques, 47,5% exactement (contre 53% dans le premier baromètre) (3). Dans le même temps, ils sont 37% à trouver que leur organisation avait mis en place ou, surtout, a mis en place depuis la crise sanitaire des règles pour réguler l’utilisation des outils numériques (43% pour le premier baromètre). Selon 28% d’entre eux des règles de rédaction des messages numériques ont été instaurées avant et pendant la crise (35% dans le premier baromètre). Les résultats sont globalement stables sur les deux baromètres. Les chiffres montrent toujours qu’il y a un important chemin encore à parcourir sur cette question du cadre de travail numérique. Un sujet 2022 incontournable pour la fonction RH afin de poursuivre la consolidation de sa légitimité au sein des organisations.
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  1. Le HRM Digital Lab est le Lab d’étude de la transformation numérique du management des ressources humaines de Institut Mines-Télécom Business School. Lien : www.hrmdl.fr
  2. Un immense merci à tous les étudiant.e.s de première année d’Institut Mines-Télécom Business School, promotion 2021-2024, pour leur investissement et pour avoir donné vie à cette étude.
  3. Les travaux d’Aurélie Laborde sont à ce titre très instructifs : https://www.scienceshumaines.com/les-incivilites-numeriques-au-bureau_fr_42701.html

Tags: Etude RH RH Digital RH Covid-19