La culture, nous disent les sociologues, désigne l’organisation stable et durable d’un groupe, ainsi que l’ensemble des valeurs étayant la représentation que ce groupe se fait de lui-même et de ses rapports avec les multiples environnements au sein desquels il évolue. Cela comprend des coutumes, des croyances, des idées et des convictions, des connaissances techniques, des pratiques… bref, tout un « terrain » à partir duquel ceux qui sont « de » cette culture se reconnaissent et peuvent trouver un contexte de créativité et d’innovation.

Une échéance culturelle nouvelle

Je pense que notre culture est en train d’évoluer, sous le triple coup de la transformation digitale, des évolutions sociétales et de l’accélération phénoménale de nouvelles représentations du travail due à 18 mois de pandémie. Comme le fait remarquer très pertinemment Benoit Serre, vice-président de l’ANDRH, dans le N°1535 d’Entreprise et Carrière, paru début juillet 2021 : « sous la contrainte nous avons compris que les réflexions de longue date sur l’agilité, le management bienveillant, le juste équilibre entre vie privée et vie professionnelle, l’exigence de confiance a priori, l’adaptation du contrôle permanent, la responsabilisation de l’individu ou la responsabilité sociale de l’entreprise étaient non seulement nécessaires, mais réalisables. Cette crise est un stress test d’immense ampleur et les constats qu’on a pu faire dans cette période marqueront durablement la société du travail. Car ne nous y trompons pas, ce n’est pas le travail, son organisation ou sa comptabilisation qui change, c’est la société qui se transforme. C’est une échéance culturelle et non pas seulement économique ou sociale. » C’est tout un nouvel équilibre qui va devoir se trouver et inventer les voies d’une fécondité inédite. Dans les organisations socioprofessionnelles, en effet, la « culture » n’est pas seulement la somme des connaissances et des pratiques en usage, mais une véritable aptitude à générer du sens, à produire de la valeur ajoutée – et pas seulement dans les biens et les services : sur le plan humain aussi.

Qu’est-ce que la culture ?

Le premier principe de la culture, tiré de son origine agricole, consiste à trier et ordonner les éléments donnés par le milieu pour en faire une opportunité de fécondité, la source d’un « plus de sens ». Produire du sens en fonction des possibilités et des contraintes de nos environnements multiples et interactifs est à la fois la finalité et le moyen de la culture.

Le second principe de la culture, issu du premier, consiste à pouvoir attribuer à chaque élément, quelle que soit sa nature et son niveau, la place qui lui revient dans un tout finalisé. Ainsi, le sentiment d’une identité culturelle s’appuie sur la conscience simultanée de l’identité des éléments d’un tout, et de l’ensemble des relations internes et externes qui font « tenir ensemble » ces éléments.

La culture d’entreprise, partie prenante de sa stratégie

La structuration de ces relations permet donc d’établir et de mesurer la maîtrise que l’on a d’une culture d’entreprise, comme lieu d’organisation des rapports professionnels et sociaux. Elle permet de décliner finalités, missions et objectifs dans une cohérence fonctionnelle et opérationnelle qui permet alors de parler de collaboration et de cohésion collective, au sens vrai du terme.

L’évolution de la culture est donc liée d’une part aux évolutions des environnements et d’autre part aux structures mises en place par l’entreprise pour s’adapter de la meilleure façon possible à ces évolutions, tout en maintenant le cap de ses orientations stratégiques.

Les difficultés rencontrées aujourd’hui par nombre d’entreprises sont notamment dues à des « chocs culturels » que les seuls calculs économiques et commerciaux ne permettent plus de prévoir, ni par conséquent d’anticiper. Or les conséquences de ce type de « chocs » ne se manifestent jamais à court terme, en raison du caractère immanent de la culture : elle agit en effet comme un substrat, et non comme un réactif primaire.

La primauté aux personnes humaines

C’est qu’il faut comprendre que ce sont toujours les Hommes qui sont le sujet de la culture, et non les organisations et les marchés. Ce sont eux seuls qui la portent, et sans eux la création de valeur ne s’enracinera pas durablement. Benoit Serre en a conscience lorsqu’il affirme encore (ibid) : « C’est un défi, car, comme pour toute transformation d’ampleur, ce ne sont ni les process, ni les théories, ni les logiques financières qui finalement changent durablement la donne, ce sont les femmes et les hommes. »

Gageons que Dirigeants, DRH et managers sauront prendre la mesure de la révolution qui s’annonce.

Tags: Culture Stratégie RH Pojet d'entreprise

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